Part 8

Je me suis retrouvé A.S. un peu par hasard.  J’ai longtemps cherché ma voie.  Je ne l’ai toujours pas trouvée, mais au moins, j’ai réduit le choix.  Après plusieurs orientations manquées, j’ai fini par faire des études d’assistant social.  Sans doute les trois plus belles années de ma vie.  Sans doute aussi le furent-elles plus grâce aux nombreuses distractions estudiantines, ainsi qu’aux rencontres que j’ai pu faire durant ces trois années, que grâce aux études en elles mêmes.  Que l’on ne s’y trompe pas, j’ai beaucoup appris durant ces études.  J’ai appris à être d’une précision d’horloger lorsque je nomme les personnes que j’aide, parce qu’après tout, c’est bien là le plus important.  Ce ne sont pas des assistés, ce sont des usagers.  Changer un mot en espérant tout changer, alors qu’en fait cela permet surtout de se voiler la face encore un peu plus.  J’ai aussi appris que l’excès nuit en tout.  L’excès de gauche par exemple.
Rien d’étonnant à ce que des professeurs formant de futurs assistants sociaux soit orientés idéologiquement et politiquement à gauche.  Mais lorsqu’on frôle l’extrême gauche, et qu’on a du mal à tolérer les idées de droite, on forme une génération d’étudiants un peu dégoûtés par cette gauche intolérante, là où on s’attendrait plutôt à l’inverse.  Dégoûtés aussi par cette gauche là, cette gauche qui préfère se dire que les problèmes n’existent pas plutôt que d’avoir à y apporter une solution efficace ; une gauche qui tente d’expliquer et d’excuser tout, peu importe la situation.  Bref, une génération d’étudiants paumés, voir même pour certains, renforcés dans l’extrême opposé.  L’ironie de la situation m’amuse.  En voulant lobotomiser des étudiants avec des idées d’extrême gauche, on fini par les faire passer dans l’extrême droite.  Mais si l’excès nuit en tout, les extrêmes sont l’excès.
Heureusement, la majorité d’entre nous est tout de même parvenue à garder son esprit critique, et à ne tomber ni d’un côté ni de l’autre.