Part 9
Il est un peu plus de dix sept heures, et j’attends de nouveau le bus. Il ne pleut plus. Normal, j’ai mon bus de suite. A quoi bon gaspiller des litres d’eau si je ne suis qu’à peine mouillé.
J’arrive chez moi. J’habite un appartement miniature, qui n’a d’appartement que le nom, et qui n’a ce nom que parce que les pièces sont séparées. Je suis certain que si l’on retirait les cloisons artificielles qui séparent les pièces, j’habiterais un studio agréable au loyer bien moins élevé.
J’allume machinalement la télévision. Il n’y a rien. Il fut un temps où, lorsqu’il n’y avait rien d’intéressant à la télévision, c'est-à-dire l’immense majorité du temps, je mettais une chaîne musicale en bruit de fond. Ce temps est révolu. Les chaînes musicales diffusent désormais plus de dessins animés japonais ou américains, que de clips musicaux. Et lorsque, enfin, des clips musicaux sont diffusés, ils respirent le manque de créativité et de sens artistique qui a envahi l’industrie musicale depuis maintenant bien longtemps. Je vis dans une société magnifique où Mozart est passé dans le domaine public depuis des lustres, mais où on s’offusque parce que l’on peut télécharger gratuitement le dernier album de Diam’s.
Dix neuf heures. Je mets le journal. De l’insécurité, c’est normal, les élections approchent. Du voyeurisme, c’est normal, c’est la chaîne privée numéro un mon beau pays. Une présentatrice tente avec difficultés de lire son prompteur, et de nous donner l’impression de comprendre ce dont elle nous parle. J’aimerais me dire qu’elle débute, mais elle est là depuis plusieurs années maintenant. J’aimerais me dire qu’elle a été choisie sur un critère physique, mais je ne vois pas trop lequel. J’abandonne. Je zappe.